Ma pensée du jour
Le corporatisme. (Après des pubs imposées)
Le mot corporatisme manque de poésie
Et c’est une gageure de vouloir avec lui
Pondre un poème qui ne sécrète pas l’ennui
Et recèle dans ses vers un peu de fantaisie.
Que voulez-vous ? J’aime les luttes syndicales
Quand elles ont pour but d’améliorer le sort
De ceux qui, soumis à de quotidiens efforts,
Touchent des bas salaires qui les font vivre mal.
Or nous avons aussi des usines d’armement
Qui fabriquent des engins faits pour tuer des gens
Et où l’on n’entend jamais poindre de colère
Sauf quand les employeurs lésinent sur les salaires.
Idem chez ceux qui livrent ces puissants armements
A des tyrans d’Afrique, d’Amérique et d’Orient
Sans jamais se soucier du tragique destin
Que leurs transports réservent à des êtres humains.
Fusils, canons, blindés, missiles, hélicoptères
Nous sommes des experts dans ces armes meurtrières
Qui avec les fromages et les vins d’exception
Ont auprès des acheteurs une bonne réputation.
Or, si je suis flatté des prouesses gustatives
Qui viennent de nos terroirs et de nos savoir-faire,
J’abhorre cette industrie qui nourrit toutes les guerres
En créant des armes de plus en plus destructives.
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Chez elle, les syndicats ouvriers sont prospères.
Ils se disent de gauche, arborent le drapeau rouge
Défendent leurs usines et leurs très bons salaires.
La paix n’est pas leur truc. Il faut que rien ne bouge
Et que leurs productions soient livrées sans retard.
Ils se gardent de dire qu’ils apprécient les guerres
Mais s’il n’y en avait plus, ils seraient furibards.
Ils pourraient presque passer pour révolutionnaires
Quand ils défilent tous, excités, pleins de rage
Avec leurs calicots fustigeant le chômage.
On ne peut rien attendre du corporatisme
Qui n'est rien d'autre qu’une forme prolongée de clanisme.
Certains syndicats s’en servent pour gagner des voix.
Le grand rêve n’est plus, c’est du chacun pour soi.
Les idéaux s’estompent au profit du calcul
Qui est la règle d’or de toutes les crapules.
Non, le corporatisme n’aime pas les quatrains
Il les rend insipides, sans charme et sans entrain.
Petit, ma mère me disait que ce mot en isme
Préparait sournoisement la couche du fascisme.
JB