La pensée du jour
Le test de Socrate. (après la maudite intrusion)
Un matin Criton vient voir Socrate et lui dit
Sais tu ce que j’ai appris à propos d’Eschine ?
Socrate le regarde, fait un peu grise mine,
Réfléchit un instant puis sagement sourit.
Avant de m’informer, des trois filtres l’épreuve
Me dira si cette rumeur vaut notre crédit.
D’abord le test de la vérité. As-tu des preuves ?
Hélas non, fit Criton mais quelqu’un me l’a dit.
Deuxième test : la bonté. Est-ce quelque chose de bon
Que tu veux m’apprendre? Ma foi non, admit Criton.
Troisième test l’utilité. Est-ce utile alors ?
Euh non, lâcha Criton qui semblait perdre le nord.
Donc, conclut Socrate, tu m’as cherché dans la ville
Pour m’informer d’un fait, en toute bonne foi,
Que tu n’as pas vu, qui n’est ni bon, ni utile !
Pris à son propre jeu, Criton resta sans voix.
On crut qu’en vertu de cette grande raison
Socrate ignorait de sa femme la liaison
Avec Eschine, qui faisait jaser toute l’Attique.
C’était bien mal connaître le maître en maïeutique.
Se doutant que ses attitudes ambigües
Pourraient le faire condamner à boire la ciguë
Il subodora que ses textes jamais vus
Intéresseraient l’homme qui le faisait cocu.
Et c’est vrai qu’à sa mort, Xanthippe épousa
Le philosophe Eschine qui sans remords osa
Plagier les écrits du grand éveilleur rebelle
Et en tant que disciple les rendre éternels
Viva !
JB