Lanceur d’alerte. ( glissez sur la pub)
A quoi bon des poèmes…
Faut-il aiguiser les mots dont on est épris
Proscrire les vers qui ne séduisent que l’esprit
Opter pour un choix qui heurte, voire qui déconcerte
Avoir quelquefois l’âme d’un lanceur d’alerte ?
Ecrire sur les sentiments fait bien plus recette
Que d’annoncer une catastrophe climatique
Même en alexandrins, ça surprend, ça inquiète.
Les gens n’aiment pas trop les prédictions tragiques
Surtout quand ça les touche et qu’ils se sentent fautifs
J’ai déjà remarqué que j’ai plus de lecteurs
Sur les thèmes légers, plaisants, récréatifs
Que sur les sujets sources de malaise et de peur.
Si, pour fédérer, il faut une pensée experte
Dans l’art d’éviter les thèmes culpabilisant
Mieux vaut ne pas imiter les lanceurs d’alerte
Dont les propos n’ont rien de vraiment apaisants.
Faut-il donc se comporter en thuriféraire
Et ne louer que le beau sans voir nos hideurs
Pour ratisser large et être certain de plaire ?
Ce n’est pas de la sorte qu’en tant que rimailleur,
– Moi qui aime composer en vers de douze pieds
Pour être sûr d’en avoir au moins un qui sied –
Je conçois ma marotte. Rarement pondéré,
Aux pollueurs je décoche des flèches acérées
« A quoi sert une chanson si elle est désarmée »
Chantait Julien Clerc d’une voix affirmée
Pour les vers c’est pareil, on les compose à perte
Quand ils défilent sans éveiller la moindre alerte
Viva ! JB