Haïti qui a déjà connu tant de misères vit désormais sous la terreur des gangs. Mais bon dieu, pourquoi l’adversité s’acharne-t-elle avec tant de rage sur ce peuple brillant de peintres, de poètes, de musiciens, de chanteurs. Un poème que j’avais écrit il y a cinq ans après avoir pris le taxi de Basile le haïtien m’est revenu en mémoire. Le voici.( glissez sur la pub)
Basile le Haïtien
J’avais hier rendez-vous avec mon dentiste
Et en sortant de chez cet habile praticien
Je pris un taxi dont le chauffeur Haïtien
Parlait un français digne d’un encyclopédiste.
Il vivait à Paris depuis trente-cinq ans,
Avait trois grandes filles dont il était très fier,
Regrettait comme moi les courtoisies d’antan,
Les valeurs d’autrefois, le siècle des lumières
Il cita Lafontaine mais aussi Métellus,
Ce psychiatre et poète natif de Jacmel
Qui vécut à paris et – maudit infarctus –
Mourut juste avant d’être consacré immortel.
Nous évoquâmes ensemble Toussaint Louverture
Et Dessalines, héros de ce peuple plein d’allant,
Très riche en poètes et peintres de talent
Mais qui croupit victime de tant d’impostures
Les tyrans Duvalier qui pillèrent ce pays,
Par leurs tontons macoutes semèrent la terreur.
Après eux, il y eut de faux libérateurs
Qui une fois au pouvoir ont aussitôt trahi.
Et c’est pourquoi Basile mon chauffeur de taxi
Qui étouffait là-bas, fuyant cette asphyxie
Partit avec sa compagne pour chercher ailleurs
Un air moins raréfié dans un monde meilleur.
La France qu’il admirait était une nation
Fidèle aux principes de sa Révolution.
Il s’y réfugia donc, fonda une famille
Dans un quartier populaire proche de la Bastille.
Il avait un air triste, était au bord des pleurs
Quand devant mon immeuble, il coupa son moteur.
Soucieux de son état je cherchais à savoir
Quelle pouvait être la cause de ce désespoir.
Or, bien avant que je ne monte dans sa voiture
Une autre l’avait heurtée très fort à l’arrière.
Au moment du constat, le fautif en colère -
Un homme plutôt bien mis et de forte stature –
D’un puissant crochet avait brisé les lunettes
De Basile qui reçut une blessure à la tête.
Au commissariat les flics ne prirent pas sa plainte
D’où sa peine profonde, mais aucune complainte.
Sûr de son bon droit il écrira une lettre
A Monsieur le procureur de la République.
Un Noir vaut un Blanc, c’est facile à admettre.
Les humains ne sont pas des notes de musique.
Que dire de ce frappeur qui s’en tirait si bien
Et repartait sans même avoir été puni.
Moi je maudis ce cuistre, ce butor, ce vaurien
Qui souille nos valeurs de son ignominie.
JB
Pourquoi l’adversité s’acharne-t-elle si fort
Sur ce peuple que j’aime, riche de tant de cœurs d’or ????