Réminiscence. (Glissez sur la pub)
Entre Savoie et Ariège
Tous deux nous venons de pays aux montagnes bleues
Qui se parent d’hermines blanches durant les froids hivers,
De pays où les arbres aux feuillages de feu
Rougeoient après des saisons baignées de lumière.
Toi, tu es d’Ax les Thermes, de cette haute vallée
Ariégeoise où l’accent fait vibrer les rochers
Avec des « macarel » très souvent haut perchés
Autour des vieux conteurs aux dons inégalés.
Nous, on ne roucoule pas les mots, on les étire
Et cette lenteur parfois peut prêter à sourire.
Mais aujourd’hui où l’on ne parle plus le patois
Se dissipe, hélas, cet accent d’autrefois
Qui enrobait d’humour diphtongues et labiales.
Cette Savoie d’hier s’est nichée dans mon cœur
Avec ses cascades et ses alpages en fleurs,
Ses bâtisses robustes, ses crêtes amicales,
Son grand lac toujours affectionné des muses
Qui dans le vent nous souffle d’envoutants florilèges.
Mais je dois avouer, avec mille excuses,
Qu’en plus de la Savoie, j’adore aussi l’Ariège.
J’y ai vécu, un temps, subjugué par le charme
Des ses sites imprégnés de forces telluriques
De ses vents qui parfois nous mettent en alarme
En mugissant comme ces Erinyes antiques.
Combien de fois sur le site de Montségur
Ai-je cru des bûchers entendre monter les pleurs
En contemplant les hercyniennes échancrures
Qui révèlent d’en haut leurs magiques splendeurs.
En sillonnant les cols de ce pays cathare
Où les « Parfaits » étaient brûlés comme apostats,
J’ai découvert, grâce au vélo, le puissant charme rare
De la très envoûtante forêt de Belesta.
Grottes ornées, églises rupestres et bastides perdues
Dans des passes étroites exigeant l’effort ardu
Du cycliste qui veut en atteindre le col
Et que guide parfois dans un royal survol
Le gypaète barbu qui plane tout là-haut.
Puis en redescendant vers la ville de Foix
Il pense au blond Phébus que l’on disait si beau,
A sa plume de poète, à sa morgue de roi,
Et sa chanson célèbre lui trotte dans la tête.
« Se canto, que quanto »... et vite il dévale
Sans se servir des freins vers la cité comtale.
Et cet oiseau qui chante, lui met le cœur en fête.
C’est donc tout guilleret qu’il entre à Mirepoix
Où des couverts jaillissent des gargouilles de bois.
Après le pont de l’Hers c’est la dernière étape
Qui le conduit à Saint Félix de Tournegat.
Là, sa maison profondément enracinée
Dans un piémont offrait une vue magistrale
Sur les sommets de la chaîne des Pyrénées
Dont il garde à jamais l’image subliminale.
C’est pourquoi il n’y a rien de très étonnant
Dans le lien qui l’attache à l’aède occitan
Viva !
JB