La métamorphose des cloportes
J’aimerais tant ne rimailler que pour vous plaire
Et récolter une belle moisson de cœurs,
Mais je reste attaché au métier qui m’a fait
Et suis, malgré moi, l’actualité de près.
Or, en cet hiver triste, mes vers sont ombrageux
Et le monde, comme le temps, devient très capricieux.
Il génère cyclones, inondations, incendies,
Et nombre d’humains s’entichent pour les tyrannies.
Après la Guerre, notre Occident restait fidèle
A la démocratie, un imparfait modèle
Mais enviable pour les hommes privés de liberté
De l’ex-bloc communiste aux tyrans incrustés
Qui stalinien hier, aujourd’hui « poutiniste »
Ou maoïste transformé en « Xi Jinpingnien. »
Partout les ex-dictatures des communistes
Ont engendré des êtres au profil kafkaïen.
Et voici que chez nous, l’ultralibéralisme,
Fils dénaturé du capitalisme ancien,
Fait émerger des monstres dépourvus de civisme
Qui pensent pouvoir corrompre la plupart des humains. .
Je me sens soulagé, je ne vaux presque rien,
Vous aussi, je l’espère, et on s’en sort très bien.
Si, leaders au Groenland ou au Panama, étions
Nous devrions faire face à de fortes tentations
De la Chine, championne d’un vaste mercantilisme
Ou de l’Amérique, championne du libéralisme.
Des images de la « Métamorphose » je revois.
La lecture de ce livre m’avait glacé d’effroi.
Les paraboles de Kafka étaient visionnaires:
J’aperçois Trump entouré de ses milliardaires
Lesquels pompent toute la substance des honnêtes gens
Qui se muent en inconditionnels partisans.
On sent une fin de règne chez les parlementaires.
Nos systèmes se transforment en ploutocraties
Quand la démocratie s’estompe sous nos paupières
Et que grandissent ces ogres et leur suprématie.
Ce sont eux à l’Ouest, à l’Est, les oligarchies
Qui règnent sur le monde. L’Europe reste en rade,
Et se débat sans vigueur dans cette grave panade,
On lui crie : "Bouge-toi, arrête donc tes chichis !"
Mais dans ses assemblées, ça glose, ça glose, ça glose...
Comment puis-je m’inspirer des poèmes de Ronsard ?
Quand je vois triompher le yen et le dollar,
Impossible de rimer sur la beauté des roses !
JB