Il est le rimailleur.
Certains jours la poésie caresse ses pensées
Surtout quand il badaude et qu’il n’est pas pressé,
Mais cet effleurement peut s’avérer navrant
Quand aucune réponse ne lui vient dans l’instant.
Il s’obstine quand même, se dit : « Tout est possible »
Et s’exalte soudain, se sent tout oppressé.
Cette émotion fait « pschitt » car n’ayant pas de cible,
Etourdiment il l’a laissé se disperser.
Il s’oblige malgré tout à pondre quelques vers
Mais aucun ne reflète cette douceur aérée
De la caresse furtive qui l’avait effleuré.
« Ils sont vraiment trop nuls ! » le voici en colère.
C’est ce qui distingue un poète d’un rimailleur.
L’un, pareil à un félin à l’affût d’une proie,
Va sauter sur les mots qui ont de la saveur,
Ne laissant aux moins vifs qu’un insipide choix.
Parfois, sous l’effet d’une vision magnifique,
L’amateur voit passer un essaim poétique
Mais tel un chasseur de papillons débutant
Il laisse s’échapper les plus beaux éléments.
Qu’importe s’il ne lui reste dans ses prises banales
Que de quoi attendrir de charitables lecteurs
Ou lectrices qui savent que ce vieux rimailleur,
Même s’il n’est pas poète, écrit avec son cœur.
JB