Le choix de la colère.
Oubliés le fumier qui amendait la terre
Et le hersage qui arrachait les mauvaises herbes,
Les labos ont inventé des boosters agraires
lesquels, avec moins d’efforts, rendent les champs superbes.
Gros tracteurs, gros crédits, mirifiques rendements
Et surtout impossible de faire machine arrière,
Même si l’on sait, depuis des années maintenant,
Que ces poudres chimiques sont des sources de cancer.
Qualifier de phytosanitaires ces poisons
Comme tous les pesticides et donc le glyphosate,
C’est une escroquerie verbale qui m’épate
Tant elle défie la logique et donc ma raison.
Jamais jadis la terre n’eut autant à souffrir
De ses cultivateurs qui devraient la chérir
Et qui l’ont fait pendant des milliers d’années
Avant de se résigner à l’empoisonner.
Ils se sont modernisés, équipés de machines
Sur les conseils intéressés d’investisseurs.
C’est grâce à des prêts bancaires tentateur
Qu’ils ont métamorphosé leurs fermes en usines.
Survinrent des emprunts, les pénibles échéances,
Les pressions des grossistes et des grandes surfaces
Qui, dans les discussions, se montrent très coriaces,
Et des importations l’implacable concurrence…
.
Voilà ce que des paysans sont devenus
Sous l’emprise d’un système qui nuit à la nature
Et pour être sûrs de préserver leurs revenus,
Ils réclament plus de pesticides pour leurs cultures.
Certains paient le prix fort quand approche la retraite.
En eux les poisons ont laissé de dures séquelles
Et au lieu de connaître une vieillesse quiète
Ils risquent d’être les victimes de tumeurs cruelles.
Pour éviter ces drames que faudrait-il donc faire ?
Se démarquer, je pense, du « productivisme »
Nuisible pour l’environnement qu’il obère
En liquidant insectes et micro-organismes.
Ne parlons même pas de toutes les fleurs sauvages
Qui éclaboussaient les prairies de ma jeunesse.
La permaculture, elle, ne fait aucun ravage,
Et ne plonge pas ses usagers dans la détresse.
Mais elle exige d’eux un respect de la terre
Et la défense de sa biodiversité.
Pour l’heure elle ne concerne qu’une minorité
De femmes et d'hommes dont on n'entend pas les colères.
JB