Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

UN BRIN D'HERBE

Il y a deux jours l’ami Jean-Claude Perpère – L’Aède occitan – dont l’imagination poétique qui lui vient des hauteurs de son Ariège natale et qu’affûte un vocabulaire d’une rare richesse, m’avouait au cours d’un déjeuner : « j’ai besoin de thèmes forts ou d’émotions puissantes pour pondre un poème. Toi, tu es capable de nous sortir presque dix quatrains   sur une feuille qui tombe ou un brin d’herbe. Ça moi, je ne sais pas le faire ! ». Je me suis demandé si c’était un compliment ou une critique ?  J’ai voulu en avoir le cœur net.

 

 

 

Un brin d’herbe

 

 

 

Je ne suis qu’un brin d’herbe. N’ai-je rien à raconter

Qui puisse, dans un poème, mériter quelques vers ?

Sachez que, dans une lointaine antiquité,

Mes ancêtres s’épanouirent dans de fraîches clairières,

 

Sur une planète recouverte par d’immenses forêts..

Pour les brouteurs, elles étaient des lieux édéniques

Sauf quand le machairodus soudain se montrait

Avec ses dents de sabre qui semaient la panique.

 

Seuls les mammouths dotés de puissantes carcasses

En se mettant en  groupe pouvaient lui faire face.

Aucun autre animal n’aurait osé défier

Ce prédateur féroce le plus qualifié.

 

Ma mémoire génétique me fait un peu défaut,

Des milliers d’années sans que rien de nouveau

Ne vienne modifier cette biodiversité

Ne m’ont laissé de souvenirs dignes d’être cités.

 

Puis il est apparu cet étrange mammifère

Qui marchant sur deux pattes n’avait pas l’air très stable.

Proie facile, s’il se déplaçait en solitaire,

Il se groupa en bande pour être moins vulnérable.

 

Mais surtout, grâce à des doigts souples et maniables

Guidés par un cerveau constamment en alarme

Il a su inventer puis fabriquer des armes

Et devenir le prédateur le plus redoutable.

 

Il rasa des forêts, en fit des pâturages

Pour des brouteurs qu’il avait domestiqués.

Ce fut pour mes aïeux le plus radieux des âges

Aujourd’hui ce bipède veut nous éradiquer.

 

Nos espaces sont tous clairement délimités,

Plus question de pousser en toute liberté,

De voir  des coquelicots dans les champs de blé

Ou, au bord des cultures, de nous rassembler.

 

Je ne suis qu’un brin d’herbe victime d’un génocide

Je viens de recevoir une pluie de pesticides.

Demain je serai mort mais méritais, je crois,

Qu’avant de disparaître, on parle un peu de moi.

 

 

 JB  

 

UN BRIN D'HERBEUN BRIN D'HERBE
UN BRIN D'HERBEUN BRIN D'HERBE
UN BRIN D'HERBEUN BRIN D'HERBE
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :