Si tous les chérubins du monde… (glissez sur la pub)
A Anaya et Enzo.
Quand je vois des petits souriant à la vie
Je m’attendris bien sûr mais ne suis pas ravi
Je pense à la terre qu’on leur laisse en héritage
Et mesure, honteux, l’ampleur de nos ravages.
Certes, nous sommes, nous les vieux, directement coupables
Car nous avons bien joui de cette société
Tout en la critiquant, rien ne manquait à table
Et nous trouvions normale cette satiété.
Jeunes, nous avions connu de grandes frugalités
Surtout pendant les quartes années d’occupation
Et assez longtemps après la Libération
Nous gardions l’habitude de ne rien jeter.
Des investisseurs à l’affût de bonnes affaires
Ont ciblé le secteur agro-alimentaire
Et chamboulé toute la paysannerie
Qui, de l’artisanat, passa à l’industrie.
On éleva poulets et vaux en batterie
On transforma en usines les porcheries
Les vaches laitières connurent le même châtiment
Et ne badaudèrent plus jamais dans les champs.
On leur livra le fourrage dans des mangeoires
Et des trayeuses électriques pompaient leur lait
Tandis qu’avec tristesse, au passé, elles rêvaient.
Quand elles étaient taries, direction l’abattoir
Que dire des céréales et autres aliments ?
On voulut qu’ils eussent une croissance rapide
Et l’on boosta les sols artificiellement
Puis on répandit sur les plantes des pesticides.
C’est alors que survint partout la profusion
Dans des supermarchés, les tentants étalages
De poulets, de viande, de légumes et laitages
Nous firent oublier le temps des restrictions.
Nous n’avions plus trop chaud et rarement trop froid
Les énergies climatisaient nos existences
Nous roulions sans compter nos dépenses en essence
Des pollueurs, sans le savoir, étions les rois
Certes les milliardaires polluent bien plus que nous
Mais ils sont des milliers, nous sommes des milliards
Aujourd’hui nos déchets s’accumulent partout
L’insatiabilité désormais nous égare.
Il faudrait limiter toutes nos aspirations
Nous nourrir mais sans cette choquante profusion
Privilégier nos jambes plutôt que des moteurs
Et s’ils sont nécessaires choisir les moins pollueurs.
Voilà ce que je pense en voyant mes arrières
Petits enfants qui vont hériter d’une terre
Durement éprouvée par nos nombreux écarts
Et où l’eau, si vitale, est de plus en plus rare.
Puissent-ils ces chérubins être plus sages que nous
Et retrouver la raison que l’on a perdue
Sans se comporter comme si tout leur était dû
Afin de la planète apaiser les courroux
Viva ! JB