La disparition de l'ancien et emblématique PDG de TF1 m'a inspiré ce poème
Un PDG en guerre.
Sacré Covid, toi, tu fauches des vies en masse
Et tes morts sont privés de la pompe funèbre.
Mais celui qui pour bien d’autres raisons trépasse
Connaîtra le même sort qu’il soit humble ou célèbre.
Patrick Lelay est mort en plein confinement
D’une « longue maladie » comme on dit maintenant
Personne n’est venu à son enterrement
Et sa dépouille n’eût droit à aucun compliment.
Ce fut, à TF1, un PDG hardi
Qui ouvrit l’ère de la privatisation,
Un industriel dont la préoccupation
Etait de rentabiliser cette chaîne, pardi !
Rien à voir avec les hauts fonctionnaires d’avant
Qui ne cherchaient pas à rapporter de l’argent
Et géraient, sans audace, de façon très classique
Les sommes allouées à ce service public.
Avec lui, j’ai appris que la cote d’amour
D’un magazine, notre référence de toujours,
Ne valait pas tripette et qu’il fallait lâcher
Tout programme n'atteignant pas sa part de marché.
Part de marché quèsaco ? Nous tombâmes des nues
Eh oui il s’agissait de battre nos adversaires
D’être dans sa tranche horaire l’émission la plus vue
Pour rafler les meilleures mises publicitaires!
Toutes les autres chaînes n’étaient plus nos amies
Mais des rivales qu’il fallait battre à chaque fois
A la guerre capitaliste nous étions soumis
Plus de cote d’amour. Le résultat fait loi!
C’est sous Lelay que mon magazine vit le jour.
Certes le deal était clair : ne jamais faire de four
Pensait-il que nous ne tiendrions pas longtemps?
Or nous avons tenu ferme pendant 15 ans !
Et il a été nécessaire que je m’arrête
Pour que 52 sur la Une parte en retraite.
Pour Lelay ce n’était qu’un produit commerçant,
Mais pour nous un travail des plus enrichissants.
Vivaaaa !
JB