Une promenade édifiante
( Après cette pub qu’il faut enjamber)
Est-ce le printemps qui frémit ?
Le soleil n’avait pas encore tiédi le vent
Mais il brillait très fort dans les rues et les cours
Et nous marchions vers les jardins du Luxembourg
D’un pas alerte pour mes quatre-vingt-cinq printemps.
Rue Lecourbe, j'étais un fringant quinquagénaire
Rue de Sèvres, dans mon dos naquit une douleur
Sournoise qui m’ôta mes illusions premières
Et ralentit un peu mes pédestres ardeurs
Place Saint Sulpice, je déployais ma canne pliante
Pour m’éviter une trop forte claudication.
Rue Férou, tel « Le bateau ivre » en perdition
Je tanguai sous le choc des rimes époustouflantes
Qui dans ma tête transformaient cette venelle tranquille
En un torrent furieux au cœur d’une jungle hostile.
Mais sitôt que nous parvînmes rue de Vaugirard,
Les voitures firent s’enfuir « les peaux rouges criards »
Enfin voici le portail du jardin atteint !
Vite une chaise, au soleil, près de l’orangerie
Pour reposer mon dos qui s’est endolori
Durant cette longue marche du dimanche matin.
Mes quatre-vingt cinq printemps se sont mués en hivers
Pourtant, malgré ces courbatures d’octogénaire,
Je sens autour de moi poindre une sève printanière
Qui fait aussi pulser le sang de mes artères.
VIVA !
JB