Hommage à Barbara
( Après la pub intruse)
L’aigle noir.
Elle avait l’apparence d’une déesse chthonienne.
Toute de noir vêtue, surgissant telle une ombre
Longue, mince, racée, du fond d’une scène sombre
Elle laissait sourdre sa voix pure comme l’eau d’une fontaine.
Elle était sous une pluie qui tombait monotone
La silhouette frêle d’une étrange piétonne
Portant habit de deuil et marchant d’un long pas
Vers un mort qu’elle ne pouvait appeler papa.
Elle était cette amante lassée d’attendre l’élu
De son cœur coutumier des trop brèves rencontres.
Elle le prévint un jour où il scrutait sa montre,
Qu’elle n’avait pas, des femmes de marins, la vertu..
Au bord d’un lac, en rêve, elle revit l’aigle noir
Qui l’avait, jadis, par de lents battements d’ailes,
Hissée jusqu’aux étoiles et leurs grands archipels
Peuplant ce firmament qu’elle eût aimé revoir.
Hélas, le diamant bleu de l’enfance disparue
Qui brillait sur le front de cet oiseau royal
Tel un lointain fanal ne luisait presque plus
Quand elle lui dédia un éloge magistral.
Et par sa gestuelle d’une élégante lenteur,
Par son regard de feu affuté au rimmel,
Par ses vêtures amples flottant comme des ailes,
Elle incarna cet aigle dans toute sa splendeur.
Cette métamorphose et sa voix magnétique –
Parfois tendue comme une corde sur le point de rompre –
Lui conféraient un charme émouvant et tragique
Qu’aucune médiocrité n'aurait pu corrompre.
Nous avons été sa première histoire d’amour.
Est-elle vraiment partie, nous a-t-elle quittés ?
Même si elle n’est plus là, on l'entend chaque jour.
Sa voix ailée vit en nous pour l’éternité.
Viva !
JB