« Travailler c’est trop dur et voler c’est pas beau »
Jusqu’à mon certificat d’étude tous les étés, et les fins de semaine, je travaillais pour aider mes parents et me faire un peu d’argent de poche. J’ai vendu des journaux, mis les capsules sur des bouteilles de vin, chez un caviste – « Buvez bon, buvez Guichon » ! –, été petit commis chez une marchande ambulante qui faisait les marchés de Savoie en vendant des confiseries. Quand je suis venu à Paris pour suivre des études de journalisme, n’ayant pas un sou en poche, j’ai fait différents métiers : homme de ménage, vendeur de légumes, portier de nuit, et j’en passe. Ce fut à la fois formateur et enrichissant. J’y ai bénéficié de la sympathie et des encouragements de femmes et d’hommes de condition modeste avec lesquels je travaillais : des gens pour la plupart fraternels et généreux. Ils m’ont humainement beaucoup appris, sauf en calcul..
Merci Brigitte !
La retraite, je l’avoue, je n’y ai pas pensé
Quand j’étais plus jeune et c’est à cinquante-neuf ans
Qu’une brillante secrétaire m’a dit : « c’est insensé !
Vous risquez mon cher Jean d’être gros-jean comme devant ».
Ayant été un reporter indépendant
On me payait par chèque mes collaborations
Sans que ne soit versée la moindre cotisation
A une caisse de retraite, trois décennies durant.
« Avez-vous conservé de vos chèques les talons ? »
Me demanda Brigitte, tel était le prénom
De cette femme admirable qui entreprit à temps
Pour son drôle de chef, un travail de titan.
Dans de vieilles chemises dormaient toutes les traces
De mes articles payés mais restés en souffrance
A la caisse de retraite. Elle fut fort efficace.
En quelques mois, elle répara mes négligences.
Merci Brigitte sans vous, et là je suis sérieux,
Je tirerais, j’en suis sûr, le diable par la queue.
C’est grâce à votre travail et à vos recours
Que je peux vivre agréablement mes vieux jours.
A “52 sur la Une” vous eûtes un coup de cœur
Pour notre bruyante équipe de joyeux bourlingueurs
Vous qui veniez de l’étage directorial
Où l’ordre règne dans un silence sépulcral.
Quand j’ai quitté mon travail, à soixante-six ans,
Je me suis morfondu en n’ayant rien à faire.
J’ai donc écrit des livres pour occuper mon temps
Et musarder encore un peu sur notre terre.
C’est vrai que j’aimais mon métier avec passion
Mais fort rares sont ceux qui suscitent des vocations.
Les gens qui triment dur, pour de piètres salaires,
Méritent une retraite correcte et salutaire.
Viva !
JB