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Le syndrome du spermatozoïde.

Etrange tout de même que, malgré des millénaires de réflexion de Confucius à Aristote et d’Aristote à Camus en passant par Descartes et Pascal, nous ne soyons pas parvenus à nous libérer du syndrome du spermatozoïde. Comme eux, nous courons, courons, pour être les premiers arrivés, les vainqueurs, ceux qui influent sur les destinées de la horde. « Vous savez pourquoi les espèces sauvages sont belles, écrivait Rivarol ? Parce que c’est toujours le mâle le plus fort qui jouit des femelles » En théorie c’est vrai, mais il y a, en permanence, rôdant à l’arrière des troupeaux, les exclus qui guettent. Dès que le mâle dominant est occupé ailleurs, ils viennent consoler les belles délaissées qui, souvent, ne les repoussent pas. Il n’est donc pas nécessaire d’être le plus fort pour accéder au plaisir seulement voilà, ce comportement est inscrit dans nos gènes et seuls les grands, très grands esprits, ou les anciens qui ont moins de pulsions sexuelles, parviennent à s’en démarquer. Naturellement chez l’homme, le syndrome du spermatozoïde s’est complexifié avec son évolution. Aujourd’hui ce n’est pas le plus fort physiquement qui prend les commandes du troupeau mais le plus calculateur, le plus retors, celui ou celle (chez nous désormais, les femelles peuvent parfois évincer les mâles) qui sait s’entourer d’ambitieux, n’ayant qu’une idée en tête, devenir le leader. Ne vous leurrez pas. Le plus grand rival de Hollande ce n’est ni Sarko, ni Juppé, ni la Marine qui vient de flinguer le vieux mâle dominant du FN. Le plus grand rival de Hollande, c’est Valls qui se verrait bien à la place du chef. C’est bien pour ça que le chef l’a choisi comme premier ministre, pour mieux le surveiller et le cas échéant faire échouer ses tentatives.

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Que croyez vous que mijotent Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand chez les Républicains ? Vous pensez qu’ils aiment Sarkozy, apprécient Juppé. Non vous n’êtes pas aussi naïf et comme moi vous savez qu’il n’ont qu’une seule idée en tête : les supplanter. Plus âgé, Juppé est beaucoup moins dépendant de sa testostérone alanguie par les années. C’est pourquoi on le sent plus distancié dans cette course frénétique vers le but ultime. Néanmoins, attention, ce manque apparent d'ardeur, est forcément compensé par un surcroit de gamberge. Ne pouvant plus rivaliser avec les jeunes « couillus » du parti, il flane sur les arrières du cheptel et séduit celles et ceux qui en ont marre des brames dominateurs. Ce n’est pas le plus fort. Ce n’est pas le plus beau, mais dans le troupeau France en panne cruelle de guide éclairé capable de susciter l’admiration du plus grand nombre, il apparaît à beaucoup comme le moins mauvais des candidats. Personnellement, m’étant libéré depuis quelques lustres du syndrome spermatozoïdien, je traine dans les marges et me distrais à contempler ces frénésies primales.

Le grand grimpeur Apo Lazaridès, quand j’étais enfant, m’avait donné l’exemple. Au cours d’un tour de France en 1948, ou 49, je ne sais plus trop, il était arrivé à Aix-les-Bains avec plusieurs minutes d’avance sur le peloton, au cours d’une étape de montagne qu’il avait dominé, haut la pédale. Au lieu de franchir la ligne d’arrivée, il s’arrêta une centaine de mètres avant et vint s’asseoir au bord de la route.

- Qu’est-ce que tu fous Apo, t’es malade ou quoi ? s’égosilla son directeur sportif. Tu vas te faire faucher la victoire !

- Qu’importe ! répondit Apo. Je n’ai jamais encore vu une arrivée au sprint, j’ai envie de m’offrir ce plaisir.

C’est fou ce que ça m’a marqué. La preuve : je m’en souviens encore. Vive les marginaux !

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