Un retrait qui ressemble à une retraite

Obama vient de saluer la fin de la plus longue guerre dans l’histoire des Etats-Unis. J’aurais envie d’ajouter et pour quel résultat ? Le seul afghan qu’ils ont trouvé pour gouverner ce peuple sourcilleux et fier pendant de longues années est un Pachtoune qui très vite s’est laissé corrompre par le pouvoir et l’argent et qui s’affichait dans des parures de soie alors que les trois quarts du peuple crevaient de faim ou croupissaient dans la misère. Ciel que c’est désolant ! Cette guerre absurde qui a occasionné des dizaines de milliers de morts, hérissé les Afghans contre les forces de la coalition, n’a fait qu’engraisser les collaborateurs locaux de l’Occident sans améliorer d’un iota le niveau de vie des plus humbles. Imaginez, oui, imaginez ce que l’on aurait pu faire si au lieu d’engraisser des généraux ineptes, des fonctionnaires avides, des nuées de profiteurs qui suivront les troupes américaines dans leur retraite, on avait employé les milliards de dollars qu’a coûté ce conflit à aider directement les populations civiles, à bâtir des écoles, des hôpitaux, des routes, des chemins de fer ? Les Américains s’en vont et très vite les Talibans qui campent aux portes de Kaboul et de toutes les grandes villes du pays vont revenir en force. La première chose qu’ils feront, c’est se venger, se venger sur tous ceux qui ne sont pas venus les rejoindre, se venger sur les commerçants, les enseignants et bien sûr, les femmes, leurs éternelles victimes. La charia sera à nouveau appliquée, on les fusillera, on les lapidera au milieu des stades. Les exécutions sommaires vont recommencer et les Afghans des villes connaîtront une fois encore la terreur. Les Américains s’en vont comme avant eux s’en sont allés les Soviétiques qui pourtant avaient ouvert des écoles pour les jeunes filles, et construit des routes, mais qui avaient aussi commis l’erreur de croire que c’est par les armes que l’on exporte ses idéaux. Conquérir les esprits et les cœurs est une tache beaucoup plus difficile que prétendre « pacifier » des territoires insoumis par des bombardements et des intrusions belliqueuses. Les Américains s’en vont et ce qu’Obama ne dit pas dans son discours, c’est que cette longue et coûteuse guerre n’aura servi qu’à renforcer la barbarie islamique qui a encore de beaux jours devant elle. Quand on voit les généraux afghans repus et bardés de décorations acquises dans les salons des ambassades, croyez-vous que c’est avec ça que les militaires « pro-occidentaux», soit disant formés par des spécialistes, vont infliger des leçons aux obstinés du jihad ? Les Américains s’en vont sans avoir réussi à sortir l’Afghanistan de l’obscurantisme. Les Américains s’en vont sur une bien triste défaite qui est aussi un peu la nôtre. Viva la revolucion. VIVAAA !