Le ciel de Syrie s’éclaircit enfin.

Il ne faut tout de même pas nous prendre pour des cruches. 7 pays - la France, l’Allemagne, le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Turquie, la Grande-Bretagne et les USA - déclarent que les frappes russes n’ont pas touché Daech, mais des alliés de la coalition. Tiens, la coalition a donc des alliés sur le terrain, sans doute Jabhat al-Nosra ou Ahrar al-Sham, deux groupes intégristes, ouvertement armés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Etats-Unis et qui sont, à n’en point douter, les docteurs Jekyll de Daech « mister Hyde ». Si ce n’était pas le cas on aurait entendu parler d’eux bien avant, quand il eût été utile d’afficher sa différence. Forts d’une bonne dizaine de milliers d’hommes, ils auraient pu, en effet, tenter d’empêcher les séides d’Al Baghdadi de massacrer les Yézidis, les Kurdes, les Alaouites, les Chrétiens et les athées de Syrie. Pourquoi n’ont-ils pas fait obstacle à la destruction de Palmyre, et ne se sont-ils pas opposés à l’égorgement du très brillant Khaled Assaad, son conservateur ?

Non, les Russes ne se sont pas trompés. Leur présence en Syrie ne date pas d’hier. Ils étaient déjà là en 1970, du temps de l’Union Soviétique. Eux savent très bien à quoi est dû l’inefficacité des bombardements alliés. Ils sont allés frapper là ou l’ennemi se cache, c’est à dire chez les prétendus modérés. On comprend qu’Obama fasse grise mine, que les Qataris et Saoudiens fulminent, que Netanyahou grimace, que Merkel s’indigne et que Hollande - le ravi de la crèche - bougonne, d’autant que les choses ne vont pas en rester là. L’Iran, enfin rassuré de pouvoir compter sur un intervenant de poids, va maintenant envoyer un corps expéditionnaire sur le terrain pour aller déloger les exécuteurs des basses œuvres et par ailleurs intervenir plus efficacement au Yémen. Le ciel s’éclaircit enfin. Les Chinois eux aussi s’approchent du « baril de poudre ». Peut-être que Washington ne s’obstinera pas dans ce « war game » où le rapport de force n’est plus tout à fait à son avantage.

A propos des inepties sur les migrants formulées par Nadine Morano « la France pays de race blanche et de culture judéo-chrétienne », je laisse le mot de la fin au grand Fernand Braudel qui écrivait précisément à ce sujet : « Les Maghrébins sont de race blanche et notre Midi a sa pinte de sang sarrasin, espagnol, andalou etc. Tant d'« immigrés », depuis si longtemps, depuis notre Préhistoire jusqu'à l'histoire très récente, ont réussi à faire naufrage sans trop de bruit dans la masse française que l'on pourrait dire, en s'amusant, que tous les Français, si le regard se reporte aux siècles et aux millénaires qui ont précédé notre temps, sont fils d'immigrés ».

Moralité : Nous sommes tous des réfugiés ! VIVAAAAAA !