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Le Bout du Monde

Hier, avec Hélène et Jean, nous sommes allés nous promener au « bout du monde ». Eh oui, il y a un bout du monde dans notre vallée de Chambéry. Le temps était radieux et l’air, comme lessivé par une petite brise, avait une transparence rare. Léchées par un soleil d’automne, les montagnes semblaient s’être considérablement rapprochées. Leur teinte dorée qui aimantait notre regard, éveilla en nous l’envie d’aller leur faire une petite visite.

Direction Saint Alban Leysse où se trouvait l’orphelinat dans lequel nous avons séjourné Jean Villard et moi dans les années 40. Cette commune s’étend Jusqu’au pied du Nivolet et du Penet qui déploient ensuite leurs pentes boisées et leurs falaises au dessus de nos têtes. Jean gara sa voiture. Nous empruntâmes alors l’étroite route qui bordait la rivière. Plus nous montions plus le val se resserrait, plus les rayons du soleil avaient du mal à trouver un passage, plus l’ombre gagnait du terrain. Des maisons s’agrippaient en cet endroit couvert de végétations et d’à-pic rocheux que berçait le bruissement apaisé du cour d’eau. Nous parvînmes à la hauteur d’un vieux moulin à l’abandon dont seule la maison du meunier, récemment restaurée, se dressait massive sur ses pilotis au dessus d’un torrent qui se jetait dans la rivière. Longeant son lit, la route bifurqua à angle droit et déboucha sur un hameau désert aux toitures neuves qui laissait à penser que l’activité en ce lieu n’était que saisonnière. Rien dans ce que je voyais ne correspondait à mes souvenirs d’enfant quand ce val abritait des bergers et des paysans qui survivaient sur de petits arpents dans une ombrageuse autarcie.

Ici c’était le terminus de la voie carrossable. Nous avions atteint le lieu-dit nommé « Le bout du monde ». Nous empruntâmes ensuite, une piste de randonnée qui longeait la Leysse, laquelle, coincée entre les pentes du défilé qu’elle s’était creusée dans les temps sauvages, se muait peu à peu en torrent. Si nous avions poursuivi notre marche sur cette sente, nous aurions atteint Saint Jean d’Arvey où ma famille venant de Marseille avait débarqué en 1938, deux ans après ma naissance, pour travailler dans une annexe de la firme Ricard. Mais il commençait à faire très sombre et l’air devenait plus vif. Nous revînmes donc sur nos pas. Parvenu un peu plus bas dans la zone habitée, nous saluâmes une dame mince et alerte qui sortait de sa petite maison.

- Ah, Jean Bertolino s’écria-t-elle en s’approchant, ça me fait bigrement plaisir de vous voir.

Elle avait lu tous mes livres, et surtout « Madame l’Etoile » qui raconte mon enfance dans cette vallée de Chambéry. Elle me cita quelques un de mes copains de jadis qui étaient aussi devenus les siens. Que de bonjours à lui faire transmettre. Cela pris un certain temps. Naturellement je l’embrassais avec chaleur quand nous nous séparâmes. Elle avait juste un an de moins que Jean et moi. Arrivé à la voiture je dis riant aux Villard : « Jamais je n’aurais oser imaginer que ma notoriété s’étendrait jusqu’au bout du monde »

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