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Je ne vais pas vous mentir. Hier plutôt que d’aller choisir entre le duc de Bordeaux et le marquis du Mans, j’ai préféré aller voir le film du réalisateur iranien Asghar Farhadi qui a plu à ma compagne, mais qui m’a personnellement plongé dans une irrésistible narcose. Autant j’avais aimé « La séparation », autant « Le client » n’est pas parvenu à éveiller en moi une once d’émotion. Un scénario un peu faiblard, trop de pathos à mon goût, que des comédiens pourtant remarquables ne sont pas parvenus, selon moi, à rendre crédibles. Mais, comme me le disait un jour Alain Corneau dont j’avais critiqué un peu injustement le « Nocturne indien » « il est rare qu’un créateur fasse l’unanimité, et ce serait d’ailleurs une erreur qu’il cherche à le faire. Il plaira à certains, il déplaira à d’autres, ce sont les risques du métier ».

Ayant retenu la leçon, deux ans plus tard quand il sortit son merveilleux « Tous les matins du monde » je lui adressais une lettre pour lui exprimer mon enthousiasme et très aimablement il me répondit : « Je suis très heureux, Jean, que ce film vous ait plu mais il aura aussi son lot de détracteurs, l’important c’est de l’avoir fait ».

Pour revenir aux élections d’hier, puisqu’on ne parle que d’elles ce matin, je trouve amusant que Fillon ait littéralement écrasé celui qui,  lorsqu’il était président, le qualifiait d’un ton condescendant de «collaborateur ». Instructif aussi le recul spectaculaire de Juppé qui, trop sûr de sa victoire, a préféré en dire le moins possible, tacler de temps en temps Sarko d’un air un peu hautain, et ignorer Fillon pour ne pas lui donner plus importance qu’il n’en avait dans les premiers sondages. Mais à son « identité heureuse » qui ne répondait pas à une réalité sur le terrain, les électeurs de droite ont préféré « la rupture radicale » du fils du notaire de la Sarthe qui a la réputation de bien tenir les cordons de la bourse.

« On a tout nivelé,  tout encadré au nom d’un misérabilisme mou. (…)  Tu veux travailler le dimanche ? Demande la permission aux syndicats. Tu veux travailler plus pour gagner plus ? Pense d’abord aux impôts que tu vas payer » lance-t-il. Ses remèdes : « généraliser l’apprentissage », la « dégressivité des allocations chômage » la « négociation du temps de travail entre patrons et salariés » « le passage aux 39 heures » et la retraite à 65 ans.

Néanmoins ce qui a été, à mon sens, déterminant dans son succès d’hier, car pour ce qui précède, il n’est pas très éloigné de Juppé, c’est d’avoir souvent affirmé haut et fort : « il n'y a pas de problème religieux en France, mais il y a un problème lié à l'islam et au totalitarisme islamique. L'invasion sanglante de l'islamisme dans notre vie quotidienne pourrait annoncer une troisième guerre mondiale ».

Ces propos là vont à l’encontre de l’identité heureuse de Juppé qui entretient avec Tarek Oubrou, l’iman de Bordeaux, d’excellents rapports destinés à dissiper les clivages communautaires.

Bref, la république de Fillon a plutôt l’identité chauvine et étriquée d’une France catho, d’une vieille France conservatrice anti mariage pour tous, qui se sent menacée à la fois par l’évolution des mœurs, la laïcité de certaines élites intellectuelles ou politiques et l’islamisation rampante des quartiers populaires. Une droite bien à droite en somme, sous une rassurante apparence de bonhomie provinciale à même d’affronter la droite extrême d’une Marine Le Pen qui aurait probablement préféré le pitbull Sarko au gentil labrador Fillon qui, en apparence, ne ferait pas de mal à une mouche.

JB

  

 

 

Le Labrador qui ne ferait pas de mal à une mouche.Le Labrador qui ne ferait pas de mal à une mouche.Le Labrador qui ne ferait pas de mal à une mouche.
Le Labrador qui ne ferait pas de mal à une mouche.Le Labrador qui ne ferait pas de mal à une mouche.
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