Réminiscences (Glissez sur la pub)
Le rêve inoubliable.
Episodiquement, je fais le même rêve.
C’est au petit matin quand mon sommeil s’achève.
Chaque fois je suis troublé par cette résurgence
Bien que j’en connaisse clairement la provenance.
A l’inverse d’un cauchemar, elle n’éveille pas la peur
Avec sa prairie toute éclaboussée de fleurs –
Marguerites, boutons d’or, coquelicots, bleuets –
Qui en pente douce rejoint l’orée d’une forêt.
Sous mes yeux vibrionnent une foule de papillons,
Bleus, jaunes, nacrés, violets et le bourdonnement
D’abeilles qui butinent eût été monotone
Sans le charivari de milliers d’oisillons.
Durant cette courte halte, cette brève contemplation
Que je dois, c’est vrai, à un besoin impérieux,
Des hirondelles strient le ciel et de gros bourdons
Filent comme des avions juste devant mes yeux.
C’était pendant la guerre. Elle privait les enfants
Des pères partis au maquis ou faits prisonniers,
Des mères désargentées qui devaient travailler
Sans, pour nous éduquer, trouver assez de temps.
Cherchant pour leurs aînés d’accueillantes pensions,
Faute de choix nos parents, avec contrition,
Se rabattirent sur des centres moins attirants
A l’instar de l’orphelinat de Saint Alban.
C’est mon évasion de cet établissement
Que je revis en rêve périodiquement.
La guerre s’éternisait et je n’en pouvais plus:
Finies les claustrations! Oui, aux jeux de la rue !
Ma mère attendrie me reprit sous son aile
Et ce rêve récurrent, c’est certain, me rappelle
Cet instant enchanteur où j’ai reçu l’impact
D’une nature grandiose qui était toujours intacte
Vivaaa !
JB