Trop, c’est trop. Un peu de recul, que diable !

Il n’est pas simple d’aller à contre courant d’un tropisme. Ne pas être Charlie était suspect de sympathie avec les terroristes. Se montrer circonspect devant les vagues de migrants qui déferlent vers l’Europe est suspect de sympathie avec le FN. Pourtant, il y a en moi un je ne sais quoi qui se refuse à épouser sans réserve ce mouvement collectif d’empathie vis à vis de ces foules en exode. Si je suis tout à fait d’accord pour que l’on accueille les vieillards, les femmes avec leurs enfants, les musulmans chiites ou Kurdes, les chrétiens, ou les Yézidis qui fuient les persécutions de Daech, je me montre beaucoup plus réservé devant ces afflux de jeunes sunnites, qui ne sont pas en Syrie ou en Irak, loin s’en faut, des cibles pour les islamistes.

Les républicains espagnols qui se sont pourtant courageusement battus contre les franquistes n’ont pas eu droit à autant d’émoi humain de la part des Français, quand, en 1939, poursuivis par les légions sanguinaires du Caudillo, ils ont franchi les Pyrénées pour nous demander asile. La plupart d’entre eux a été interné dans des camps, appelé depuis « les camps de la honte » et traité comme des moins que rien par les garde-chiourmes de notre gendarmerie d’alors. Idem pour les réfugiés politiques allemands ou juifs qui n’ont pas, eux non plus, été accueillis à bras ouverts par la France et ont eut droit au même traitement que les Espagnols jusqu’à ce que la police collaborationniste de Vichy en remette un grand nombre aux occupants nazis qui les acheminèrent jusqu’à Auschwitz, Dachau ou Buchenwald pour y être gazés.

L’usage que les propagandistes de Daech font d’Internet et des médias prouve qu’on n’a rien à leur apprendre en cette matière, qu’ils maitrisent parfaitement le sujet et sont experts dans l’art de terroriser ou de manipuler les foules. Goebbels eût été très heureux d’avoir à ses côtés de tels disciples.

Il faudrait que les dirigeants de ce califat maudit soient complètement stupides pour ne pas profiter de ce déferlement humain qu’ils ont eux-mêmes provoqué. Or leur réussite en matière de stratégie guerrière démontre qu’ils ne le sont pas. Ils contrôlent désormais les ¾ de la Syrie et de l’Irak, des gisements pétroliers, des banques, et ils savent, que pour avoir des chances de gagner leur guerre, il leur faut déstabiliser l’ennemi extérieur le plus proche, celui qui est de l’autre côté du bassin méditerranéen, c’est à dire l’Europe, NOUS ! Ils s’y emploient donc et une tache nécessaire incombe aux dirigeants de nos pays : trier le bon grain de l’ivraie. Le feront-ils ? La question est posée. En tous cas je me refuse à sombrer dans une sensiblerie forcément passagère que la mort du malheureux petit kurde échoué sur une plage et photographié dans la position d’un bébé paisiblement assoupi sur le ventre, a provoqué dans le monde.

« Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine »

Comme le dormeur du val…Forcément une telle image nous épreint. C’est pourquoi il faut accorder l’asile sans réserve aux vraies victimes de Daech. Quant aux autres on pourrait les placer dans des centres d’accueils et les traiter correctement - ce qui n’a pas été le cas des réfugiés espagnols et allemands en 1939 - en attendant d’en savoir un plus sur eux. Une seule consonne sépare bon de con ! Pensons-y ! Vivaaaa !